Avant-propos et petit manifeste spontané :

il ne s’agit pas de produire ou de faire que de la prestation… Il s’agit de transmettre.  Vous n’êtes pas sur un site de promotion mais sur un site de transmission. 

Si nous voulons enfin guérir notre société, ils ne s’agit plus de mettre les malfrats hors d’état de nuire, mais d’en finir plus que jamais avec la mise hors d’état de servir des vocations.

Quand on demanda à Churchill de réduire le budget des arts pour l’effort de guerre, il rétorqua « alors pourquoi nous battons-nous ? ». De même, quand André Malraux en charge du ministère de la culture déplora ses manques de moyens, il déclara qu’à l’échelle nationale, et par rapport au BTP, son budget ne dépassait pas 25 kms d’autoroutes.

Je parie qu’aujourd’hui si la prospective, pour éviter à notre société de se tromper de futur, avait les moyens de son action pour inspirer autrement les décideurs, cela ne dépasserait pas 10 % de l’argent gaspillé dans les erreurs et des dépenses inutilement ostentatoires du BTP. Qui sait, peut-être même moins de 1% avec de vrais visionnaires !

L’histoire de l’art, de la culture, de la pensée n’est pas écrite par ceux qui l’ont faite  mais par l’écoute et la reconnaissance de ceux qui lui ont donné vie. Cette histoire s’écrit, bon an, mal an, selon vos attentions et vos inattentions. L’attention est un pouvoir de vie ou de mort qui attise toutes productions ou les laissent dépérir.  Chaque attention de votre part est un vent qui souffle sur la conscience collective et lui donne direction.  « La sixième extinction » (l’effondrement de la biodiversité) a son vis-à-vis avec l’extinction des vocations dans le monde humain. Toutes deux  répondent de la même psychologie des pouvoirs, de la même mentalité des circuits de financement, et des mêmes comportements de masse machinaux.

Ce qui compte, ce n’est pas que des professionnels de la culture existent, c’est que votre amour de la maturation leur donne vie, et que leur amour de la maturation vous redonne vie.

il s’agit d’une culture différente de celle polluée par des besoins de s’exprimer sans inspiration ; différente d’une culture maladivement analytique ; différente des divertissements visant à vous faire compenser la vie, là où vous n’avez plus qu’une seule envie : oublier à quel point vous êtes devenu l’étranger de vous-même !

Le futur nait de vos rêves présents, et vos rêves sont la matrice des modes de vies dans lesquels vos enfants et leur descendance ultérieure vivront. Une culture seulement formatée par le commerce engendre une société sans rêves vivants. Une société asphyxiée dans son pouvoir de se rêver et de s’autodéterminer devient sujette à la violence. La force immunitaire d’un peuple est dans sa capacité à se rêver. C’est le manquement le plus grave des gouvernances technocratiques successives que de ne pas l’avoir compris, quels que soient les bords politiques qui se sont succédés. Dans le pouvoir de rêver que Gaston Bachelard avait déjà tant honoré de son vivant, nous avons à retrouver expressément comment nous allons revivre les noces humanité/biosphère…

Bernard Boisson