Le terme « écopsychologie » a maintes fois fait de l’allumage intuitif dans les esprits comme un antidote qui semble avoir été étonnament omis. En effet, nous ne pouvons indéfiniment éluder dans l’humain les origines psychologiques de la destruction des écosystèmes et de la disparition de maintes espèces. De même, nos manquements face au changement climatique nécessitent une compréhension de notre psychologie collective. De surcroit, n’y-a-t-il pas lieu d’être particulièrement atterrés par l’incroyable méconnaissance et incompétence des professionnels du BTP, de gestionnaires du territoire et d’élus sur les impacts de toutes transformations paysagères sur la psychologie des populations ? N’avons-nous pas à pourvoir dans l’enseignement à de grandes carences concernant leurs formations professionnelles ?
Sous l’enseigne « écopsychologie » s’activent maints questionnements et contre-propositions dans un champ interdisciplinaire incluant : des scientifiques-naturalistes, des représentants en sciences humaines, des exilés inspirés de l’art, des contemplatifs issus d’expériences sans patente mais cruciales pour notre conscience, des penseurs visionnaires…
L’écopsychologie appréhende nos dérives en conditionnements psychologiques vécus par nos sociétés autant que celles-ci deviennent dans leurs perceptions directes, de plus en plus coupées des états premiers de la nature.
L’écopsychologie est en voie de remettre profondément en cause la façon de prospecter les solutions écologiques, quand celles-ci sont abusivement traitées en surface par les mentalités technocratiques.
Notamment, le fait que les perceptions sensibles soient éludées dans les processus de décisions environnementales et écologiques atteste un déséquilibre mental dans la façon de prendre ces décisions. S’ensuivent des effets sur les milieux et les mentalités des populations concernées.
L’écopsychologie ne saurait se réduire à une extrapolation des sciences en psy déjà existantes quand il s’agit d’élargir les rapports humain/humain aux rapports Humains/Nature.
Ainsi, cela conduit à générer un champ de recherches interdisciplinaires qui a vite fait de se retrouver hors du cadre coutumier des mentalités institutionnelles et des habitudes universitaires, avec des prospectives et des méthodologies inédites.
Le « malade » traité par l’écopsychologie est trop grand pour rentrer dans un cabinet de consultation tellement la coupure humain/nature se situe bien davantage dans la psychologie des masses que dans celle des individus.
Théodore Roszak est reconnu pour être l’initiateur du néologisme « écopsychologie ». Mais le champ d’investigations désigné sous ce terme n’a pas attendu cette enseigne pour exister et trouve maints prédécesseurs de la conscience chez des anthropologues, des phénoménologues, des systémiciens, des thérapeutes de la psychologie humaniste, des poètes, des écologues, des philosophes… jusqu’à maintes sagesses ancestrales… L’écopsychologie a été principalement entérinée en 1995 par un livre américain rassemblant 24 spécialistes aux éditions du Sierra Club.
Tout comme en écologie nous avons les écologues et les écologistes, nous avons en écopsychologie des gens plutôt scientifiques et d’autres plus penseurs, activiste ou militants. La valeur des uns et des autres ne relève nullement du côté où ils se positionnent, mais bien plus de la qualité de leurs apports.
L’approche exprimée dans ce site peut être dite « à caractère écopsychologique » ; convenant toutefois que d’autres recherches sous la même enseigne peuvent lui être très différentes. Il s’agit vraiment d’un champs interdisciplinaire très large, et nullement d’une école de pensée ramenée à un fondateur unique.
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L’acte de colloque de Bernard Boisson pour présenter l’écopsychologie nord-américaine lors d’un séminaire de ce nom en octobre 1999 dans le Vercors a été publié dans le N°254 de la revue Silence de février 2000. Ce n° est aujourd’hui téléchargeable sur le site de la revue Silence, avec également un article de François Terrasson.